Le vin, son histoire et sa culture.
Aujourd’hui, je vous amène en aventure dans l’univers fascinant des légendes de la pâtisserie opportuniste. Au milieu de ses illustres congénères "zut, il n’y avait pas de menthe dans la recette" (les bêtises de Cambrai), "quel con, j’ai oublié de mettre la pâte en dessous" (la tarte Tatin) ou encore "sacrebleu, mais c’est que ça brule, l’alcool" (la crêpe Suzette), nous verrons aujourd’hui la moins célèbre "mais qu’est-ce que je vais faire de tous ces jaunes d’œufs ?"
La légende dit à peu près ceci :
En l’an de grâce mille-neuf-cent-et-quelques,
Bordeaux est grande, puissante et portuaire.
Le vin s’en écoule à flots, vers la terre des Angles et au-delà,
Le Rhum, en échange, arrive des outremers,
Les épices s’en viennent par milliers d’encore plus loin.
Pour les œufs, point d’exotisme, on les trouve en nombre dans le cloaque de nos poules,
Mais le vigneron, ce petit mutin, en prend les blancs pour son collage.
Et les pâtissiers se trouvèrent fort dépourvus, quand la bise fut venue.
Ainsi naquit le cannelé.
J’ai essayé de vous faire une bonne traduction de l’ancien français, mais ça reste un peu obscur…
En gros, au 18ème siècle, Bordeaux est une ville portuaire prospère, qui produit déjà beaucoup de vin. Et on y utilise de l’albumine pour le collage (qui fait précipiter les particules en suspension dans un vin en cours de fabrication, pour les enlever plus facilement) pendant l’élevage. Du coup on se retrouve avec beaucoup de jaunes d’œufs à écouler. Alors quelqu’un a essayé de les utiliser avec d’autres ingrédients disponibles au port - la vanille et le rhum - et a inventé les cannelés.
L’origine exacte est assez floue, comme souvent, et plusieurs versions s’affrontent.
Mais une chose est sure : le nom "cannelé" n’a rien à voir avec la cannelle (il n’en contient pas) mais vient des cannelures sur son pourtour.